Actualité Détaillée

JUBILE DIOCESAIN DES COMMUNICATEURS

Le 29 décembre 2024, à la demande du Pape François, toutes les Eglises locales ont débuté le Jubilé de l’an 2025 avec l’ouverture de la Porte Sainte. Depuis cette date, les mouvements et groupes constitués ont commencé leur jubilé. C’est le cas ce jour du samedi 02 Février des
Communicateurs de l’archidiocèse d’Abidjan à la cathédrale Saint Paul d’Abidjan.
C’est le cardinal Ignace Bessi DOGBO, l’ordinaire du lieu qui a présidée l’eucharistie. Les communicateurs de l’archidiocèse dans leur majorité étaient présents. La messe était précédée du chemin de croix en passant par la Porte Sainte.

Père Jean-Baptiste DIAHOU


HOMELIE DU CARDINAL IGNACE BESSI

Frères et sœurs, Journalistes, hommes et femmes des médias, A la suite du Saint Père le Pape François qui a ouvert le week-end dernier à Rome la série de célébrations des différents jubilés, il me plaît aujourd’hui, d’ouvrir également l’année jubilaire pour notre Archidiocèse avec vous, hommes et femmes du monde de la Communication. En effet, au niveau de l’Eglise Universelle, du 24 au 26 janvier 2025 à Rome, le Saint Père a réalisé le premier rassemblement jubilaire de l'Année Sainte au cours duquel il s’est adressé aux acteurs de la communication à travers un Message clair, profond et précis, les invitant à être eux aussi des pèlerins d’espérance. Au cours de la rencontre avec les acteurs du monde de la communication le samedi 25 janvier, ainsi que la messe présidée le dimanche 26 janvier, le Souverain Pontife est revenu sur des points essentiels. « Le Jubilé, dit-il, est célébré à un moment difficile de l'histoire de l'humanité, alors que le monde est encore blessé par les guerres et la violence, par l'effusion du sang de nombreux innocents ». Le Souverain Pontife a voulu remercier tout d’abord tous les professionnels de la communication qui risquent leur vie pour rechercher la vérité et dénoncer les horreurs de la guerre. Il s’est également souvenu dans la prière de tous ceux qui ont sacrifié leur vie au cours de l'année écoulée, l'une des plus meurtrières pour les journalistes. Il a tenu à prier en silence pour tous les journalistes et acteurs du monde de la communication qui ont signé leur reportage avec leur propre sang.
En ce qui nous concerne, nous, fidèles de l’Archidiocèse d’Abidjan, à l’occasion de la célébration de ce tout premier jubilé pour cette année pastorale, retournons d’abord aux Saintes Ecritures pour y voir l’origine du jubilé en lui-même. Dans la Tradition biblique, un jubilé est un moment de grâce et d’action de grâce. Le nom Jubilé dérive de l’hébreu Yobel, qui indique une corne de chèvre utilisée comme trompette. Tous les cinquante ans, le son de cette trompette, proclamait le début d’une année spéciale pour Israël : l’année du Jubilé. Selon Lévitique 25, cette loi civile contenait deux prescriptions principales : le rachat de la propriété et la libération des esclaves. Il fonctionnait comme une « remise à niveau » sociale. La structure sociale d’Israël se fondait sur l’appartenance à une tribu, un clan et une famille. La source de richesse de la famille provenait de la propriété qui lui avait été assignée. Les terres et les maisons qui avaient été vendues pour différents motifs, retournaient au propriétaire originaire au Jubilé. 
En outre, ceux qui étaient devenus esclaves parce qu’obligés de se vendre pour insolvabilité, devaient être libérés. Cette loi fonctionnait comme une remise à niveau sociale. Elle empêchait l’appauvrissement des plus faibles et la concentration des richesses dans les mains de quelques riches. C’est pour cette raison que le Jubilé devait être répété tous les 50 ans. Le jubilé rappelait également l’autorité de Dieu sur la Terre et sur les personnes car :
• La Terre appartient au Seigneur et les hommes sont comme «étrangers et hôtes» (v. 23) sur la terre qu’ils cultivent et qu’ils administrent.
• Les personnes appartiennent au Seigneur. Tous ceux qui sont devenus esclaves pourront retrouver la liberté, car Dieu dit: «ce sont mes serviteurs» (v. 42, 55).
Personne ne devra rester le serviteur de personne d’autre car tous sont serviteurs de Dieu. Dieu a le droit d’intervenir dans les affaires des hommes pour faire respecter l’ordre et corriger les distorsions. Dieu est le Seigneur, à lui nous devons l’existence et à lui va l’honneur.
Dans la tradition de l’Eglise, un Jubilé ordinaire est proclamé tous les 25 ans et se distingue d'un Jubilé extraordinaire. Le dernier en date, convoqué par le saint Pape Jean-Paul II en l'an 2000, avait marqué l'entrée dans le deuxième millénaire. Plus récemment, en 2016, le Pape François a proclamé un Jubilé extraordinaire dédié à la Miséricorde, invitant les fidèles à redécouvrir « le visage de la miséricorde » de Dieu. En 2025, l'Année Sainte est placée sous le signe de l'espérance : « L'espérance ne déçoit pas » (Rm 5,5). C’est ici l'occasion « d'offrir l’expérience vivante de l’amour de Dieu qui suscite dans le cœur l’espérance certaine du salut dans le Christ » (Bulle d'indiction du Jubilé 2025, Spes non confundit). Ce Jubilé ordinaire s’étendra jusqu’au 6 janvier 2026.
Les textes bibliques de ce jour nous rappellent l’urgence de notre mission en tant que baptisés, disciples du Christ. Le mandat missionnaire de Jésus en Matthieu 28 est encore d’actualité pour nous tous. Pour vous spécialement, professionnels de la communication, il s’agit de redécouvrir la beauté et les exigences de votre profession. Vous, journalistes, agents des médias, dirigeants et directeurs de publication, membres de Conseils d’Administration, videomakers, infographistes, copywriters, Public Relations, social media managers, techniciens audio et vidéo, typographes, informaticiens, je voudrais vous porter ce message du Pape François : « Ce métier (…) est plus qu'une profession. C'est une vocation et une mission. Vous, les communicateurs, avez un rôle fondamental à jouer dans la société d'aujourd'hui, en racontant les faits et en les racontant de la manière dont vous les racontez. Nous le savons : le langage, l'attitude, le ton peuvent être décisifs et faire la différence entre une communication qui ravive l'espérance, construit des ponts, ouvre des portes, et une communication qui, au contraire, accroît les divisions, les polarisations, les simplifications de la réalité. Votre responsabilité est particulière. Votre tâche est précieuse. Vos outils de travail sont les mots et les images. Mais avant eux, l'étude et la réflexion, la capacité de voir et d'écouter ; de vous mettre du côté de ceux qui sont marginalisés, de ceux qui ne sont ni vus ni entendus, et aussi de raviver
– (dans le cœur de ceux qui vous lisent, vous écoutent, vous regardent) – le sens du bien et du mal et la nostalgie du bien que vous racontez et dont, en le racontant, vous êtes les témoins.
Pour nos Eglises particulières en Afrique, il vous faudra du courage, de la persévérance et de la détermination pour exercer votre profession et avancer sur le chemin de la vérité. Dans une Afrique saturée de mauvaises nouvelles, accablée par des crises et des tensions de toute part, minée par des conflits économiques et des guerres fratricides qui déciment la communauté humaine, il s’agira de communiquer des motifs d’espérance. D’ailleurs, le Saint Père, dans son Message est revenu sur ces mêmes réalités. Il a relevé « l'importance du courage pour initier le changement que l'histoire exige de nous, le changement nécessaire pour vaincre le mensonge et la haine. C'est vrai, dit-il, il faut du courage pour amorcer le changement. Le mot courage vient du latin cor, cor habeo, qui signifie « avoir du cœur ». C'est cet élan intérieur, cette force qui vient du cœur, qui nous permet d'affronter les difficultés et les défis sans être submergés par la peur. Avec le mot courage, nous pouvons résumer toutes les réflexions des Journées mondiales de la communication de ces dernières années, jusqu'au Message d'hier : écouter avec le cœur, parler avec le cœur, chérir la sagesse du cœur, partager l'espérance du cœur. Ces dernières années, c'est donc le cœur qui m'a dicté la ligne directrice de notre réflexion sur la communication. Je voudrais donc ajouter à mon appel à la libération des journalistes un autre « appel » qui nous concerne tous : celui de la « libération » de la force intérieure du cœur.
De chaque cœur ! Cet appel, il n'appartient à personne d'autre qu'à nous de le relever. Pour notre Eglise en Côte d’Ivoire et particulièrement pour notre archidiocèse d’Abidjan, il s’agira de relever l’espérance, dans notre pays dont l’hymne national commence par « Salut, O Terre d’espérance… ». Il s’agira de communiquer davantage des motifs d'espérance. Chacun devrait pouvoir dire : « Il n’y a pas que la guerre et la pauvreté en Afrique : il y a aussi des valeurs, une diversité culturelle, les talents, la joie et le dynamisme des jeunes... tant de choses que je peux communiquer désormais ». Frères et sœurs, journalistes, hommes et femmes des médias, à la suite du Saint Père, je voudrais vous répéter « Libérez votre cœur de ce qui le corrompt et le souille» « racontez l’espérance, partagez l’espérance ».
Comme l’a souligné le Message de la Messe de clôture de la 126ème Assemblée plénière de la Conférence des Evêques catholiques de Côte d’Ivoire célébrée le 26 Janvier 2025 à Bondoukou, il faudrait raviver « l’espérance de la nation ivoirienne ». Ainsi, alors que l’élection présidentielle d’Octobre 2025 approche à grands pas, les journalistes et autres agents des médias devront respecter les valeurs d’intégrité et de décence. Tout en jeûnant et priant pour préparer des élections sans heurts et pacifiques, ils s’attelleront également à éviter la violence sous toutes ses formes et à promouvoir le respect intégral de la dignité humaine. Avec vigilance, prudence et honnêteté dans l’exercice de votre profession et dans le déploiement de vos activités, résistez à toute tentative de corruption et de pression, et fuyez tout ce qui pourrait compromettre votre responsabilité éthique envers la nation. Puisque le Christ est notre espérance, accordez-lui de la place pour qu’il oriente et dirige tous les aspects de votre vie au sein de cette patrie que Dieu nous a donnée. « Nous ne voulons plus de morts, nous voulons chanter l’espérance », en ce beau pays, nouvelle patrie du Christ, terre d’espérance et d’hospitalité. Oui ! nous voulons vivre dans la paix ! Cultivons et adoptons des attitudes de paix. « La paix, nous dit le Concile Vatican II, n’est jamais chose acquise une fois pour toutes, mais sans cesse à construire (…). L’avènement de la paix exige de chacun le constant contrôle de ses passions et la vigilance de l’autorité légitime ». Gaudium et Spes n. 78 Paragragraphe 1. « La paix dont nous parlons ne peut s’obtenir sur terre sans la sauvegarde du bien des personnes ni sans la libre et confiante communication entre les hommes des richesses de leur esprit et de leurs facultés créatrices ». GS 78, 2.
Il incombe à vous communicateurs catholiques, en ce contexte de préparation aux élections présidentielles, d’œuvrer à promouvoir et à consolider cette paix, en accompagnant tous les acteurs de la société et en demeurant attachés aux valeurs humaines et éthiques de votre profession. Comme nous le rappelle le saint Concile, « la diffusion publique et en temps voulu de faits et d’événements permet à chaque homme d’en avoir une connaissance exhaustive et permanente. Par là même, chacun pour sa part, peut concourir efficacement au bien commun et tous ensemble peuvent contribuer plus aisément à la prospérité et au progrès de toute la société ». Inter Mirifica n.5
Qu’à la prière de Saint François de Sales, Patron des journalistes, et de la Vierge Marie, Notre Dame de l’Annonciation, le Seigneur Jésus, le Communicateur par excellence, vous accorde les énergies nécessaires pour l’accomplissement de ce beau et noble ministère, lui qui règne aujourd’hui et demain, dans les siècles des siècles.
AMEN.